Dans un film comme Kidnapping Mr. Heineken, le véritable test d'un acteur de première classe est de voir s'il pourra interpréter à merveille un mauvais rôle dans un mauvais film. Anthony Hopkins, peut-être le meilleur acteur encore en vie, a passé ce test à plusieurs reprises au fil des années et l'a encore réussi dans ce film. Les réalisateurs furent capables de payer ses honoraires, et c'est ainsi que Hopkins revint pour participer à un autre projet sans importance, mal élaboré, où il humilie tout le projet avec son visage ouvert, sa voie incisive et sa présence pleine de mélancolie.
Hopkins joue le rôle de Freddy Heineken, le magnat de la bière qui fut kidnappé à Amsterdam en 1983 et détenu contre une rançon. « Oh que faites-vous ? » C'est la question que posa le personnage de Heineken joué par Hopkins à ses ravisseurs sur un ton morne, pendant que lui et son chauffeur Ab Doderer (David Dencik) étaient jetés dans un fourgon. Au prime abord, vous pourriez penser qu'Hopkins lui-même s'ennuyait de ce film prosaïque, mais cet ennui dans le ton de sa voix fait en réalité partie du personnage interprété ici.
Après avoir été enchainé et confiné dans une salle insonorisée, le Freddy joué par Hopkins s'adresse à l'un de ses ravisseurs en demandant sagement à avoir un peignoir et une chaise convenable. À d'autres occasions, Freddy déclare ne pas aimer la musique diffusée par le haut-parleur et demande plutôt à écouter du Schubert ainsi que de la nourriture chinoise bon marché au lieu des sandwichs au jambon qui lui ont été servis. Il prend ainsi les commandes de la situation, un peu comme le chef de file de son propre enlèvement, et Hopkins a trouvé un moyen amusant pour jouer cette autorité incongrue. Dans une tentative pour soudoyer l'un des ravisseurs, il lui propose une vie pleine de richesse et de femmes. « Non ? » demande-t-il. « Êtes-vous gay ? », après quoi il lui envoie un petit baiser au vol. Lorsque Freddy traite finalement ses ravisseurs d'abrutis dans Kidnapping Mr. Heineken, sorti le 14 Avril 2015 sur DVD aux USA, c'est comme un soulagement, car ce sont vraiment des abrutis irritants qui commettent erreurs sur erreurs, mais finissent quand même par en réchapper.